SAINT-MARTIN de DOULAINCOURT

L’église SAINT-MARTIN de DOULAINCOURT

notice de la DRAC Champagne-Ardenne .

Direction régionale des Affaires culturelles

Site de Châlons-en-Champagne

L’édifice

L’église Saint-Martin de Doulaincourt a été entièrement reconstruite au XVIIIe siècle afin de remplacer l’édifice antérieur qui était en mauvais état et qui était devenu trop étroit. Les travaux se déroulent de 1732 à 1737. Dès 1751, une tempête endommage gravement la toiture qui doit être entièrement refaite. Ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle que l’église acquiert sa silhouette actuelle avec la construction du clocher-porche qui remplace l’ancien clocher. Le devis de ces travaux est établi en 1786 par un architecte de Wassy, Didier Pierret.

En 1877, le chœur reçoit des vitraux réalisés par le maître-verrier rêmois Haussaire. L’intêrèt patrimonial de l’église est reconnu en 1990 par son inscription au titre des monuments historiques.

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L’église Saint-Martin de Doulaincourt présente la particularité de ne pas respecter l’orientation traditionnelle des églises vers l’est. Elle a été tournée vers l’ouest pour permettre de placer l’entrée en bordure de la grande rue. Le clocher-porche permet d’accéder aux trois vaisseaux de la nef et des collatéraux qui présentent tous la même hauteur sous voûte suivant un parti caractéristique des églises-halles de l’Est de la France. Séparée des collatéraux par des colonnes d’ordre toscan, la nef débouche sur une abside rectangulaire terminée par un chevet plat.

Le décor

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 L’église Saint-Martin de Doulaincourt est ornée d’un somptueux décor exécuté vers 1740. Il est composé de trois retables en pierre et stuc ornant respectivement le chœur et les chapelles latérales. Il est complété par des peintures murales et un décor de stuc sur la voûte du chœur.

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 Le retable du maître-autel, dans le chœur, est orné en son centre d’un tableau représentant probablement une scène de la vie de saint Martin. De part et d’autre prennent place deux sculptures figurant saint Pierre et saint Paul. Le fronton du retable représente Dieu le Père dans les nuées accompagné des anges tenant les instruments de la Passion.

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Le retable de la chapelle latérale gauche est dédié à la Vierge du Rosaire. La scène centrale représente la Vierge avec l’Enfant. À l’origine, un chapelet devait être placé dans la main droite de Marie. Les statues de saint Dominique et de sainte Catherine de Sienne, les deux saints patrons du Rosaire prennent place de part et d’autre du haut-relief central. Le fronton est orné d’une représentation de la colombe du Saint-Esprit entourage d’anges dans des nuées.

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Le retable de la chapelle latérale droite est consacré à saint Roch. Né au XIVe siècle à Montpellier, saint Roch entreprend un pèlerinage à Rome. Dans les Apennins, il découvre une ville ravagée par la Peste et guérit des malades en traçant sur eux le signe de la croix. Sur le chemin du retour un ange le prévient qu’il devra lui aussi souffrir de ce mal. Pour empêcher la contagion, saint Roch se retire dans une forêt. Afin de pourvoir à son alimentation jusqu’à sa guérison, Dieu fait en sorte qu’un chien du voisinage apporte chaque jour à saint Roch un pain dérobé à son maître. Cet épisode de la vie du saint est représenté sur le haut-relief ornant le centre du retable. Le fronton représente le Cœur de Jésus dans une nuée d’anges. Les deux statues qui flanquent le retable figurent saint Nicolas et un saint évêque, peut-être saint Martin.

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 Depuis 1974, les trois retables sont classés au titre des monuments historiques.

Les travaux de restauration

Les travaux de restauration menés en 2011 ont permis de découvrir sur le retable du maître- autel une inscription indiquant « cest ouvrages aite fait par jaque françois et jean Batiste Marcas ». La découverte de cette signature permet d’affirmer que le riche décor de l’église de Doulaincourt a été exécuté par deux frères, Jacques-François Marca (1693-1773) et Jean-Baptiste Marca (1702- après 1756).  Issus d’une famille originaire de Mollia dans le Piémont, ces deux stucateurs sont principalement actifs en Franche-Comté où ils ont participé à la réalisation du décor de nombreuses églises. La technique du stuc rend possible un travail en série, par la réutilisation d’un même moule. L’église Saint-Julien de Fretigney (Haute-Saône) renferme ainsi un retable dont le fronton est orné d’un relief représentant les anges tenant la croix identique à celui qui orne le retable du chœur de l’église de Doulaincourt.

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En 1826-1827, les trois autels sont remplacés par les autels en marbre toujours en place dans l’édifice. En 1828, Ambroise Tripier refait le décor en faux-marbre des retables. Les retables sont sans doute repeints une nouvelle fois au cours du XIXe siècle car lors des travaux menés en 1990, deux couches de repeints ont été mises en évidence au-dessus de la couche originelle.

La restauration des décors

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La restauration du décor de l’église de Doulaincourt commence en 1986 par une étude de polychromie réalisée par M. Moulinier. Il s’agit de déterminer combien de couches de peinture ont été apposées sur le retable et s’il est possible de retrouver l’aspect originel du retable en retirant les repeints. En 1989 et 1992, la restauration des deux retables latéraux permet de dégager les repeints disgracieux qui alourdissaient les sculptures. Le marbre étant sensible à l’humidité, les autels remplacés en 1826-1827 se sont dégradés au fil du temps. En 2003-2004, les autels latéraux font donc l’objet d’une campagne de restauration afin de traiter les désordres structurels qui sont apparus. Les éléments manquants du décor des autels sont alors complétés en prenant comme modèles les parties préservées qui sont reproduites à l’identique.

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 La restauration du décor de l’église s’est achevée en 2011 par une intervention sur les décors peints du chœur et sur le retable du maître-autel réalisée par la société ARCAMS. L’autel présente alors des désordres structurels liés à la désagrégation de la structure maçonnée et à la rupture des agrafes métalliques qui maintenaient les plaques de marbre. Ces désordres ont été traités et les éléments du décor en marbre qui s’étaient détachés ont été replacés sur l’autel. La polychromie du retable était dissimulée sous un lourd badigeon grisâtre. Ce repeint qui alourdissait les sculptures a été allégé. L’ensemble des décors peints du chœur a été nettoyé et les petites lacunes ont été réintégrées. Le repeint bleuté de la voûte a  été retiré afin de lui rendre sa blancheur originelle.

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Sources :

DAUTREY (Philippe), « Reconstruire une église au XVIIIe siècle : le cas de Saint-Martin de Doulaincourt », dans Les Cahiers Haut-Marnais, 1989, n°176, pp. 13-28.

BARBIER (Marc), DAUTREY (Philippe), DECRON (Benoît), DUMONTET (Cyril), SONRIER (Marie-Agnès), « Le retable de l’église Saint-Martin de Doulaincourt » dans La Haute-Marne libérée, 3 décembre 1990

OLIVERES (Joël), Rapport de restauration des décors peints de l’église Saint-Martin de Doulaincourt-Saucourt, 2011.

ZITO (Mickaël), Les Marca (fin XVIIe – début XIXe siècles) : itinéraires et activités d’une dynastie de stucateurs piémontais en Franche-Comté et en Bourgogne. Art et histoire de l’art. Université de Bourgogne, 2013.
Disponible sur Internet : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01221300/document

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